Dans le département du Lot, l’artisanat d’art occupe une place de choix, témoignant du savoir-faire ancestral et de la créativité des artisans locaux, en particulier dans le domaine de la céramique.
Des mains expertes façonnent l’argile, la transforment en objets d’usage et d’art, perpétuant ainsi un héritage précieux.
Les potiers et les céramistes insufflent la vie à la terre : ils tournent, sculptent, décorent, et signent des pièces uniques empreintes de leur sensibilité et de leur créativité.
C’est dans ce vivier de talents que nous vous invitons à découvrir l’univers de Magali Pigeon, une céramiste qui sublime la terre avec passion et talent, que nous apprécions particulièrement.
Magali pigeon, faïencière …mais pas que
Isabelle et moi nous nous rendons régulièrement dans le magnifique village de Loubressac, à quelques kilomètres du Pech de Vigne.
Et à chaque fois c’est l’occasion d’aller rendre visite à la très jolie boutique de Magali !
Nous avons pris le temps d’un échange, où notre artisane se dévoile et nous livre les clés de ses créations : son parcours, ses inspirations, ses techniques de travail…
Pouvez-vous nous dire en quelques mots votre parcours, et ce qui vous a amené à cette passion de la céramique ?
Je n’avais pas imaginé devenir potière un jour. Enfant, j’avais bien demandé un tour de potier en cadeau à mes parents…. que je n’ai jamais eu.
J’ai cependant toujours dessiné et c’est tout naturellement qu’après mon bac j’ai fait les Beaux Arts : Nice tout d’abord et Orléans ensuite.
À l’époque les métiers de l’édition changeaient avec la PAO (Publication Assistée par Ordinateur) et je suis devenue infographiste.
J’ai travaillé dans l’édition publicitaire 6-7 ans et, alors que je commençais à m’ennuyer sans savoir vers quel autre métier m’orienter, la vue de mes petits magazines, de mon travail empilé par terre, dans la rue, près d’une poubelle, m’a réveillé.
Je ne produisais que du papier, destiné à être consommé et jeté, sans valeur.
J’ai eu besoin de faire quelques chose de concret de mes mains.
Avec un congé individuel de formation de 9 mois dans une école de poterie (le CNIFOP en Bourgogne) et mon CAP en poche, je suis devenue artisane à mon compte, ce dont j’avais toujours eu envie.
Et me voilà 25 ans plus tard, toujours aussi étonnée d’avoir osé ce changement de vie et faire ce métier totalement artistique qui me comble de bonheur.
Pouvez-vous aussi nous dire pourquoi vous vous êtes installée dans le Lot ?
C’était une envie de découvrir une nouvelle région…
Nous avons sélectionné le Lot pour commencer, pris quelques jours de congés, loué un gîte près de Rocamadour.
Et là le coup de foudre fut total : si j’avais pu déménager dans la semaine…
Nous y prenons racines depuis maintenant plus de 6 ans, toujours aussi émerveillés et incrédules que le rêve soit devenu réalité.
Quelle est la différence entre un potier et un céramiste ?
Traditionnellement le potier est celui qui fabrique des pots, comme le boulanger fabrique du pain.
Il se trouve que les métiers ont évolué.
Le terme de céramiste traduit une recherche plus artistique dans le travail de l’argile, plus personnelle.
Une céramique peut être fabriquée avec une argile de grès, faïence ou porcelaine. C’est la cuisson (à une température précise pour chacune de ces argiles) qui transforme de façon irréversible une argile en céramique.
Justement, céramique, grès, porcelaine, faïence… quelles sont les différences entre ces techniques ?
Je fais l’analogie avec la forme artistique de la peinture, où l’on différencie les techniques de l’huile, de l’aquarelle et de l’acrylique.
De même la céramique est le nom général pour la fabrication des pièces en terre cuite. Et dans les métiers de la céramique, il y a trois grandes familles d’argile : la faïence, le grès et la porcelaine.
Chaque potier/céramiste choisit son argile/terre en fonction de son style de production.
Une des raisons pour lesquelles, je suis faïencière, c’est que la température idéale de cuisson de cette catégorie d’argile m’offre un choix conséquent de couleurs.
Votre univers est très inspiré par la nature, avez-vous des sujets de prédilection ?
Quand j’ai commencé à réfléchir à ce que j’allais bien pouvoir fabriquer, j’ai immédiatement voulu faire de l’art de la table, car j’adore la vaisselle, cuisiner et faire de jolies tables.
Le thème de la nature s’est imposé à l’évidence….
Je suis éblouie par les saisons que j’aime toutes.
Je me laisse porter au fil des mois par les lumières changeantes, de l’exubérance du printemps au dépouillement de l’hiver, chaque couleur et chaque nuance nourrissent mon imaginaire.
Avez-vous d’autres sources d’inspiration ?
Je pense que derrière chacune de mes collections, il y a une histoire, une rencontre, peut-être un souvenir, mais parfois aussi, juste l’envie d’une couleur en particulier.
Mon travail est très intuitif et personnel…
Pouvez-vous nous résumer votre processus de fabrication, et ce qui fait votre particularité ?
Première étape : le modelage des pièces
Je vous disais qu’un potier est celui qui fabrique des pots, en l’occurrence, qu’il les tourne.
Eh bien moi je n’ai pas de tour !
Je suis totalement autodidacte dans la technique que j’utilise : le modelage « à la plaque ».
On n’imagine pas qu’il soit possible de fabriquer des pièces rondes et creuses sans tour. Et pourtant ça l’est, grâce à cette technique totalement manuelle, qui demande beaucoup de patience et bien plus de temps, mais qui m’offre bien plus de liberté et de possibilités de formes.
Le secret est là : un rouleau à pâtisserie ou une croûteuse pour faire des galettes d’argile, une règle et un couteau pour la découper, de la barbotine pour coller les morceaux entre eux… et des gestes doux cents fois répétés pour modeler, lisser, affiner et donner à l’argile malléable, la forme désirée.
Deuxième étape : l’application des décors
Une fois l’étape du modelage terminé, je commence la mise en couleurs et la décoration de mes pièces avec un mélange de colorants vitrifiables et oxydes, résistants à plus de 1000°C.
C’est un moment d’extrême fragilité…
L’application se fait sur terre crue et encore un peu humide, mais suffisamment sèche pour absorber l’eau contenue dans mes couleurs et permettre aux pigments d’adhérer au support.
Et quand tout est fini, une couverture de feuille de plastique pour que le séchage soit lent et homogène.
Le résultat final après cuissons sera bien différent de ce que je vois ; une argile encore grise, des couleurs mâtes, certaines en ton sur ton sur ma terre, d’autres noires, alors qu’après cuissons elles deviendront verte, bleu marine, chocolat…
Troisième étape : les cuissons
Les cuissons, c’est le moment où je confie mon travail au four, et où la magie s’opère !
Deux cuissons d’une dizaine d’heures à chaque fois, une montée lente du four céramique jusqu’à plus ou moins 1000°C, puis une descente toute aussi lente.
La faïence restant poreuse après sa première cuisson, l’étape de l’émaillage va protéger une fois cuite la céramique de l’eau, en l’enveloppant d’une fine couche de verre, brillante, faisant étinceler les couleurs qui se révèlent enfin.
La céramique est née !
Après bien des heures d’un travail minutieux, l’ouverture du four est toujours une fête, je piaffe d’impatience devant l’indicateur de température, qui m’interdit l’ouverture totale au delà de 100°C.
Je suis à chaque fois comme une enfant impatiente d’ouvrir ses cadeaux !
Heureusement l’émerveillement est la plupart du temps au rendez-vous.
Mon travail touche à sa fin quand je décore ma boutique et que je partage l’immense bonheur de faire ce métier.
Pratiquez-vous d’autres formes d’art(isanat) ?
J’aime autant fabriquer que dessiner ou peindre, alors passer de la céramique à un autre support/matériau m’enthousiasme beaucoup.
Je peins à l’acrylique sur abat-jour par exemple, comme sur toile (je peux faire des tentures décoratives XXL), mais aussi sur bois….
Peu importe le support !
Où peut-on se procurer vos créations ?
Mes créations sont visibles dans ma boutique Esprit Nature à Loubressac, sous la mairie.
Elle est ouverte de Pâques à fin septembre tous les après-midi, de 14h30 à 18h et plus (se renseigner pour le reste de l’année).
Vous pouvez aussi découvrir mes créations et passer commande par messagerie ou email :
- sur mon site web artisanature.fr
- sur mes comptes de réseaux sociaux Facebook et Instagram
Réalisez-vous des pièces sur commande ?
Je fais beaucoup de commandes.
Cela peut être pour une création personnalisée, ou bien la réédition d’une de mes précédentes collections, céramique ou autres supports, tout m’intéresse !
J’adresse un grand merci à Magali, cette artiste talentueuse pour nous avoir partagé sa passion pour la céramique et fait découvrir son univers.
J’espère que cet article vous a fait apprécier ses créations très personnelles.
Loubressac est un très beau village, Esprit Nature est une très belle boutique : vous avez vraiment toutes les raisons d’y faire un tour !
Le village de Loubressac est un des nombreux « Plus Beaux Villages de France » que vous pourrez admirer lors de votre séjour dans le Lot.
Loubressac est situé à une vingtaine de minutes de notre gîte, Le Pech de Vigne.
Notre gîte est une maison de vacances au cœur d’une offre touristique très riche : un patrimoine exceptionnel et de nombreuses activités nature et de loisir.