Selon nos manuels d’histoire, Jules César a vaincu les Gaulois à Alésia.
Mais en fait il a bien existé un véritable village d’irréductibles gaulois, et il ne se situe pas en Armorique comme dans la bande dessinée d’Astérix, mais bien dans le Lot !
Nous vous racontons dans cet article les éléments historiques de la présence gauloise dans le Quercy.
L’arrivée des tribus celtes
En Europe occidentale, les peuples préhistoriques, semi-nomades ou déjà sédentaires et connaissant l’agriculture, vécurent l’arrivée des peuples celtes par migrations successives entre 600 et 400 ans avant notre ère.
Ces tribus celtes, venues de l’Europe centrale, se brassèrent avec les populations autochtones.
L’ensemble de ces nombreux peuples celtes formaient la Gaule, composée de trois régions principales : la Gaule Belgique, la Gaule Celtique et la Gaule Aquitaine.
Ce sont les Romains qui appelaient Gaulois les celtes installés sur le territoire de la Gaule celtique.
Les Gaulois étaient des agriculteurs habiles, cultivant des céréales, des légumes et des fruits, tout en élevant du bétail.
Leur artisanat, notamment dans la métallurgie du fer et de l’or, était renommé. Les bijoux, les armes et les outils gaulois démontrent une maîtrise artistique et technique exceptionnelle.
Ils étaient des commerçants avisés avec le monde méditerranéen antique.
Enfin, grâce à leurs armes de fer, ils étaient considérés comme des guerriers redoutables et craints par les Grecs et les Romains. En plus des épées et des boucliers, les celtes ont inventé la cotte de mailles et le casque.
Parmi les nombreuses peuplades gauloises, on connaît bien les Arvernes (installés sur le territoire de l’actuelle Auvergne), unes des plus riches et des plus puissantes dont la figure emblématique est Vercingétorix.
La religion gauloise
La religion occupait une place centrale dans la vie des Gaulois.
De nature polythéiste, la religion celte vénère de nombreux dieux : Lug (le dieu guerrier le plus vénéré des Gaulois, il est aussi le protecteur des arts, des marchands et des voyageurs ), Cernunnos (associé à la nature et aux animaux, il est souvent représenté avec des bois de cerf sur la tête)…
Les druides, une classe de prêtres celtiques, étaient respectés pour leur sagesse et leur connaissance des rituels religieux. Ils étaient philosophes, mais aussi guérisseurs et même mathématiciens.
A noter que, n’en déplaise à Obélix, les menhirs et les dolmens ne sont pas des constructions gauloises : ils ont été érigés par les derniers peuples préhistoriques. Il est par contre probable qu’ils aient été réutilisés par les druides gaulois.
Le druidisme fut interdit après la colonisation romaine et finit par disparaître.
les gaulois dans le quercy
C’est la tribu gauloise des Cadurques qui occupait le territoire qui deviendra le Quercy.
Leur métropole était Divona Cadurcorum, soit la ville divine des Cadurques, devenue Cahors.
Comme les autres gaulois, les Cadurques s’installaient sur les hauteurs, sur des oppida fortifiés.
Qu’est-ce qu’un oppidum ?
Un oppidum est un lieu fortifié qui met à profit les défenses naturelles permises par une implantation sur un lieu d’accès difficile.
Ainsi un oppidum est souvent localisé sur une position stratégique située en hauteur.
Il est fortifié par un un « mur gaulois », murus gallicus. Il s’agit d’un un petit rempart avec un poutrage horizontal, formant une grille et renforcé par des clous ou des fiches en fer, noyé dans une masse de terre ou de tout venant. L’avant présente souvent un parement en pierre et l’arrière, une rampe.
Un oppidum peut atteindre une superficie de plusieurs dizaines d’hectares. Une population sédentaire, plus ou moins nombreuse, peut donc y vivre en permanence.
Ces places fortes sont aussi des centres d’échanges et de stockages de biens.
Sur le territoire du Quercy, six oppida ont été recensés.
Pour les passionnés d’histoire, il est possible de découvrir quelques traces de ces places-fortes quercynoises.
1L’oppidum du Puy d’Issolud
Sur la commune de Vayrac, le site du Puy d’Issolud est installé sur un vaste plateau de 80 ha environ, entouré par une enceinte qui double par endroits des falaises relativement abruptes.
Il a été officialisé par le Ministère de la Culture comme étant l’ancienne cité d’Uxellodunum. C’est là que, un an après la défaite de Vercingétorix à Alésia, les troupes gauloises assiégées par les légions de César livrèrent en –51 la dernière bataille pour l’indépendance de la Gaule.
Sur la commune voisine de Saint-Denis-Lès-Martel, sur le site de la Fontaine de Loulié (qui alimentait l’oppidum en eau), des visites guidées sont organisées en juillet et août par l’association « Les Amis d’Uxellodunum, Puy d’Issolud ».
2L’oppidum de l’Impernal
Sur la commune de Luzech, l’oppidum d’une surface estimée de 8-10 ha, domine la rivière Lot de 150 m.
Trois structures bâties sont encore visibles in situ : une partie du murus gallicus et des ateliers de l’Âge du Fer au nord, un habitat et un temple du 1er siècle plus au sud et une construction romaine aussi du 1er siècle à l’ouest.
Ce site plurimillénaire a pu être un centre religieux important gaulois, puis gallo-romain.
Il a été soumis à plusieurs campagnes de fouilles ; le Musée archéologique Armand-Viré présente la plupart des objets découverts, ainsi qu’une maquette de l’oppidum avec la localisation des principaux vestiges mis au jour.
Au mois d’août, visite commentée du site archéologique de l’Impernal par l’association « Sur La Route d’union des Oppida Cadurques » (sur rendez-vous).
3L’oppidum de Capdenac
À 4 km de Figeac, sur éperon rocheux en forme de presqu’île qui surplombe de 100 m la rivière Lot, se trouve le village de Capdenac.
Le site fut fortifié dès l’époque gauloise.
Un important trésor monétaire gaulois a été trouvé à Capdenac à la fin du 19ème siècle.
Parmi les vestiges visibles, figurent au pied des remparts la Fontaine gauloise (un puits de 7 m de profondeur) et la Fontaine de César, déplacée ultérieurement par les Romains à une trentaine de mètres.
Les Romains construisirent une autre fontaine troglodytique fortifiée remarquable : la Fontaine Romaine dite des Anglais.
On y accède par un escalier abrupt de 120 marches, creusé à flanc de falaise et protégé par un rempart monumental.
Notons que l’association « Archéologie-Patrimoine-Uxellodunum-Capdenac » revendique aussi la localisation de la bataille d’Uxellodunum.
4L’oppidum de Murcens
Sur la commune de Cras, cet oppidum, d’une surface estimée de 80 ha, est établi au sommet d’une falaise dominant le Vers.
L’oppidum de Murcens est principalement situé sur des parcelles privées et son accessibilité est limitée. Le site est signalé par un point d’information mais non équipé.
Vous pouvez sur les traces des Gaulois à l’occasion d’une randonnée De l’Oppidum à la Rauze (13 km, environ 3h).
5L’oppidum des Césarines
Sur la commune de Saint-Jean-l’Espinasse, cet oppidum d’une surface estimée à 40 ha, couvre trois promontoires naturellement protégés sur la plupart de ses côtés par des versants abrupts ; il domine la vallée de la Bave qui circule en contrebas.
6L’oppidum de Béars
Sur la commune d’Arcambal, se trouve sur un éperon calcaire dominant la vallée du Lot à sa confluence avec le Vers une enceinte fortifiée de 3 à 4 ha, barrée au sud par une muraille de pierres sèches.
la guerre des gaules
Les gaulois derrière Vercingétorix
En -58 Jules César se lance dans sa Guerre des Gaules, autant pour piller les Gaulois de leurs richesses que pour servir ses ambitions politiques.
Cela se traduit par une série de campagnes militaires contre plusieurs tribus gauloises qui se révoltent.
En -52 , les Gaulois s’allient derrière le jeune chef de la tribu des Arvernes, Vercingétorix, qui s’érige chef de la révolte
Une victoire décisive sur les légions romaines a lieu a Gergovie mais les troupes gauloises sont contraintes de se réfugier dans l’oppidum d’Alésia. Après des semaines de combat acharnés, Vercingétorix finit par se rendre.
Le village des irréductibles gaulois
Est-ce que la défaite des Gaulois à Alésia est la fin de la guerre des Gaules, comme nous le disent les manuels scolaires ?
Eh bien non, car un dernier village d’irréductibles Gaulois continue de résister, et ce n’est pas celui d’Astérix en Armorique, mais celui d’Uxellodunum dans le Quercy !
Un an après la reddition de Vercingétorix à Alésia, les Cadurques, qui avaient notamment fourni des contingents au camp d’Alésia, continuent la lutte.
Leur chef, Luctérios, se réfugie dans l’oppidum d’Uxellodunum pour y poursuivre le combat, avec Drappès, un chef de la tribu des Sénons (peuple de l’actuelle région de Sens).
Le siège réalisé par les légions de Caius Caninius est un temps tenu en échec.
Il faudra le renfort de Jules César en personne, agacé par cette poche de de résistance, pour venir à bout de la résistance des Gaulois, en réussissant à les priver de l’eau de leur source.
Nous vous racontons dans un autre article de blog l’histoire de cet « Astérix du Lot ».
le quercy gallo-romain
Après la guerre des Gaules, naît la société gallo-romaine. Elle perdurera cinq siècles… jusqu’à l’avènement d’un certain Clovis, premier roi des Francs.
L’empereur romain Auguste divise la Gaule en quatre provinces ; chaque province est elle-même subdivisée en unités territoriales, les civitates, qui correspondent plus ou moins aux territoires des tribus gauloises.
Les traditions des Gaulois disparaissent : ils adoptent la langue (le latin), la religion et le mode de vie des Romains.
La Gaule profite des apports de la civilisation romaine : routes (voies gauloises réaménagées ou nouveaux axes de circulation), aqueducs, édifices publics…
Les deux premiers siècles de l’occupation romaine constituent une ère de prospérité et de développement : une période de paix relative, que l’on nomme Pax romana.
En ce qui concerne le pays des Cadurques, il devient la civitas caducorum, du nom de la cité principale, qui s’appelle maintenant Cahors.
En dehors de Cahors, on ne connaît guère que deux autres localités d’importance qui datent de l’époque romaine : Duravel (Diolindinum) et Mercuès (Mercurii Castrum).
Figeac existe à peine, tout comme Gramat, mais ni Saint-Céré, ni Rocamadour…
Nous avons raconté dans cet article une petite page de l’histoire du Quercy, aux époques gauloise puis gallo-romaine.
Notre gîte situé au cœur du Parc régional naturel des Causses du Quercy permettra aux férus d’histoire de découvrir les quelques vestiges archéologiques qui subsistent et qui sont autant de témoignages de l’empreinte indélébile laissée par les Gaulois cadurques.