Imaginez un instant : une ville toute neuve, construite selon un plan parfait, avec ses rues rectilignes qui se coupent à angle droit.
C’est l’héritage que nous ont laissé les bastides, ces villes nouvelles fondées au Moyen Âge.
Les rois de France, soucieux de développer leurs territoires, décidèrent de créer ces bourgs fortifiés pour attirer de nouveaux habitants et favoriser le commerce.
En vous promenant dans une bastide, vous pourrez ainsi revivre l’histoire de ces lieux, conçus pour offrir une vie ordonnée et prospère à leurs habitants.
Les bastides, un patrimoine unique
Un projet politique et économique au cœur du Moyen Âge
Nées d’un contexte historique complexe, les bastides sont le fruit d’une volonté politique et économique des rois de France au 13ème et 14ème siècles.
Dans un Sud-Ouest de la France marqué par des tensions avec l’Angleterre, les souverains capétiens (Saint-Louis, Philippe le Hardi et enfin Philippe-le-Bel) ont mis en place une stratégie de colonisation pacifique avec la volonté de renforcer leur emprise sur ces territoires et d’affirmer leur autorité.
À part Bayonne, Bordeaux et Toulouse, il n’y avait pas de villes importantes dans le bassin aquitain : la plus grande partie de la région était en fait recouverte de forêts inhabitées !
En fondant des bastides, les rois voulaient étendre leur influence sur des territoires souvent éloignés et peu maîtrisés.
C’est près de 500 créations qui s’échelonnent entre 1222 et 1373 dans une vaste zone territoriale qui s’étend d’est en ouest, de l’Aveyron actuel aux Landes, et du nord au sud, de la Dordogne aux pieds des Pyrénées. Certaines de ces villes nouvelles seront construites pour le compte des Anglais.
En offrant des terres, des privilèges fiscaux et des droits politiques, les seigneurs fondateurs, souvent des grands propriétaires terriens ou des officiers royaux, attiraient des nouveaux habitants, notamment en provenance du Nord de la France, qui contribuaient à développer ces nouvelles villes.
Elles étaient destinées à attirer notamment des artisans et des commerçants, pour développer les activités économiques et peupler des régions souvent peu densément habitées. Les bastides étaient conçues pour favoriser les échanges commerciaux et l’essor de nouvelles activités économiques, comme l’agriculture et l’artisanat.
Situées à la frontière avec l’occupation anglaise, les bastides servaient aussi de points d’appui militaires, permettant ainsi de mieux contrôler le territoire.
Un siècle plus tard, c’est la grande pandémie de la Peste Noire qui va dévaster les populations et mettre un coup d’arrêt à la croissance démographique et à la création des bastides.
Éthymologie
Le terme de « bastide » dans le contexte de cet article est celui utilisé au 13ème siècle dans le Sud-Ouest, au sens de « ville neuve » (« bastida nova »).
Aujourd’hui le terme peut prêter à confusion, car on utilise le même mot en Provence, à partir du 16ème siècle, pour désigner les résidences estivales de l’aristocratie ou de la bourgeoisie des villes provençales.
L’architecture typique des bastides
Surgies de nulle part, les bastides se distinguent par leur plan orthogonal, en damier, qui les différencie radicalement des villages médiévaux qui les ont précédés.
Ce plan rigoureux, souvent carré ou rectangulaire, était dicté par des raisons fonctionnelles et symboliques : il reflétait l’ordre et la raison qui régissaient la société de l’époque.
Les rues, larges et rectilignes, se croisaient à angle droit, délimitant des parcelles de terrain de taille identique. Au cœur de la bastide se trouvait généralement une place centrale, souvent entourée de bâtiments publics comme le logis seigneurial. L’église est très souvent érigée hors de la bastide.
Cette place servait de place de marché, lieu de rassemblement et de vie sociale.
Les matériaux utilisés pour la construction des bastides variaient selon les régions. On trouvait ainsi des bastides en pierre calcaire dans les zones karstiques, en brique dans les régions plus argileuses, et même en bois dans certaines régions. Les toits étaient souvent couverts de tuiles canal, un type de tuile très répandu à l’époque.
La halle, située généralement sur la place centrale, était le cœur économique et social de la bastide. Elle abritait les étals des marchands, où l’on pouvait trouver toutes sortes de produits : denrées alimentaires, tissus, outils…
Parfois, la place était également entourée de galeries couvertes, ou de simples avancées des maisons des artisans qui réalisaient leurs travaux à la vue de tous.
Le tracé systématique
Certains principes de lotissement sont récurrents et caractéristiques de la trame urbaine qui caractérise les bastides.
Le parcellaire
Les îlots sont divisés en parcelles identiques. Ce découpage correspond à la fois à une volonté égalitaire mais aussi à un souci de planification administrative, notamment pour le calcul de la taxe foncière.
Dés l’origine, les chartes mentionnent trois types de parcelles à distribuer aux habitants : l’ayral (le lot à bâtir), le cazal (le jardin) et l’arpent (terre labourable, hors de la bastide).
La mitoyenneté
Le traitement de la mitoyenneté présente deux cas de figures :
- Soit les maisons sont accolées et dans ce cas, les eaux pluviales et les eaux usées sont rejetées en fond de parcelle. La façade sur rue présente alors un front continu et les faîtages sont parallèles à la rue.
- Soit les maisons sont séparées par un petit intervalle dénommé androne destiné à recevoir les eaux pluviales et les eaux usées. La façade sur rue présente alors un front bâti en dent de scie rythmé par les pignons des maisons. Les souillardes et les latrines sont disposées latéralement dans les andrones.
La hiérarchisation des voies
Le principe de hiérarchie est fondé sur la nature de l’utilisation des voies, charretières ou piétonnes, mise en relation avec le parcellaire.
Les rues charretières, ou carreyras, larges de 6 à 8 mètres, constituent la trame principale accessible aux attelages.
Les ruettes ou carreyrous, larges d’environ 2 mètres, sont réservées à la circulation piétonne.
Enfin les andrones (ou entremis), espaces mitoyens aménagés entre les habitations, trop étroit pour un passage d’homme, constituent de véritables égouts à ciel ouvert.
Le saviez-vous ?
La corde à 13 nœuds est…
Découvrir les bastides du lot
Les bastides se concentrent exclusivement dans le Sud-Ouest de la France et c’est dans le département du Lot-et-Garonne (anciennement l’Agenais) que l’on en compte le plus.
Le Quercy était à la limite du terrain d’expansion des bastides, et dans l’actuel département du Lot, on compte seulement une douzaine de bastides.
Castelnau-Montratier, la bastide incontournable du Lot
Au cœur du Quercy Blanc, la bastide de Castelnau-Montratier est la plus importante du Lot.
Fondée en 1250, l’histoire de Castelnau-Montratier est étroitement liée à celle du commerce de la laine et des étoffes. La ville a connu une période de grande prospérité grâce à cette activité, comme en témoignent les belles demeures bourgeoises qui bordent ses rues.
À l’image de toutes les bastides, Castelnau-Montratier se distingue par son plan orthogonal, un véritable damier de rues qui se croisent à angle droit.
Au cœur de cette cité, une place centrale animée invite à la flânerie : entourée de couverts et d’arcades, elle est le lieu de rendez-vous des habitants et des visiteurs.
Au-delà de son plan caractéristique, Castelnau-Montratier abrite de nombreux trésors architecturaux :
- l’église, dans un style byzantin atypique, qui contraste avec l’architecture romane habituellement présente dans les bastides
- les traditionnelles maisons à colombages, qui confèrent à la ville un charme authentique
- les halles, qui sont aujourd’hui un lieu de vie où se tiennent régulièrement des marchés et des événements culturels
Les bastides proches du gîte
Bretenoux
Nichée au confluent de la Cère et de la Dordogne, Bretenoux est une bastide qui a su préserver son authenticité.
Fondée en 1277, cette cité médiévale vous invite à un voyage dans le temps.
La place des Consuls, pavée de galets, est le cœur battant de la ville. Entourée de maisons à colombages et de bâtiments historiques, elle est le lieu de rendez-vous des habitants et des visiteurs.
C’est là que se tient toujours un beau marché de producteurs.
Labastide-Murat
Au beau milieu du Lot, sur le causse de Gramat, sa création a été décidée en 1238 ; certains spécialistes considère ce bourg plus comme un village castral qu’une bastide.
Elle fut longtemps nommée Labastide-Fortunière, du nom de son fondateur Fortunier de Gourdon, et rebaptisée Labastide-Murat en 1852, en l’honneur de son plus célèbre citoyen, Joachim Murat, maréchal de France fait roi de Naples, qui y naquit en 1767.
Monfaucon
En 1292, à la demande du roi de France, le Pech de Montfaucon est donné aux Anglais pour y établir une ville neuve.
Le classique tracé en damier, avec ses rues droites et bien alignées, subsiste encore aujourd’hui.
Puybrun
La bastide royale qui domine la vallée de la Dordogne est fondée en 1281.
Le centre du village de Puybrun est toujours organisé selon les plans d’une bastide. La « place Grande », le cœur économique de la ville, occupe le centre, tandis que l’église et le cimetière voisins sont proches mais situés sur le côté.
Rudelle
La bastide de Rudelle, fondée en 1250, est située sur l’axe de communication stratégique entre le Rouergue et Rocamadour, dans une position idéale pour garantir une protection avancée grâce à l’église fortifiée Saint Martial encore visible aujourd’hui.
Le long de la voie principale se trouvait la halle aujourd’hui disparue.
Les autres bastides
Plus éloignées du gîte, on peut citer les bastides de Beauregard, Castelfranc, Cazals, Labastide-du-Vert, Labastide-Marnhac et Montcabrier.
Les bastides sont un patrimoine du Sud-Ouest de la France, que vous pouvez découvrir dans le département du Lot.
Ce n’est qu’une des nombreuses facettes du patrimoine exceptionnel du territoire lotois.
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