Tout comme le département de la Dordogne et la région du Périgord sont souvent confondus, il en est de même avec le département du Lot et la région du Quercy.
Dans cet article nous allons décrypter la relation géographique et historique entre les deux dénominations Quercy et Lot.
Le quercy, ancienne province royale
Les Cadurques, un peuple gaulois
Les Cadurques étaient une tribu gauloise installée dans le sud-ouest de la Gaule actuelle, dans la région naturelle que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de Quercy.
Comme de nombreuses tribus gauloises, les Cadurques étaient organisés en cités (dont la plus importante est Divona Cadurcorum, devenue Cahors) avec à leur tête un chef (l’héroïque Luctérios sera le dernier). Leur territoire était délimité par des frontières naturelles comme les rivières et les montagnes.
La conquête romaine et la romanisation
Au 1er siècle avant J.-C., les Cadurques sont soumis par les Romains. Leur territoire est alors intégré à la province romaine de Gaule Aquitaine.
Les Cadurques adoptent progressivement les coutumes, la langue et les institutions romaines. Leur cité principale, Cahors, devient un important centre administratif et commercial.
Des royaumes barbares aux premiers comtés
Durant le Haut Moyen Âge, à la chute de l’Empire romain d’Occident, les territoires des anciens Cadurques sont successivement envahis par les Wisigoths puis par les Francs.
Sous la domination franque, le territoire des anciens Cadurques est divisé en plusieurs comtés. Ces comtés sont des entités administratives dirigées par des comtes, représentants du pouvoir royal.
L’émergence du Quercy
Au cours du Moyen Âge central, les comtes de Quercy consolident leur pouvoir et étendent leur territoire.
Progressivement, le nom de « Quercy » apparaît pour désigner l’ensemble des territoires sous la domination des comtes de Cahors. Ainsi le Quercy devient une entité politique et géographique distincte.
Le Quercy devient une province royale
Au fil des siècles, le Quercy est progressivement rattaché à la couronne de France. Les comtes de Quercy perdent leurs pouvoirs au profit du roi.
Sous l’Ancien Régime, le Quercy devient alors une province royale, avec ses propres institutions et ses propres privilèges. Et ce jusqu’à la Révolution, quand la province du Quercy devient de département du Lot avec pratiquement les mêmes limites territoriales.
Le lot, département créé à la Révolution
La création du département du Lot
Après la Révolution Française, en 1790, l’Assemblée nationale constituante décide de découper la France en 83 départements.
Comme l’Assemblée souhaite que les noms des départements s’affranchissent de ceux des anciennes provinces du royaume sous l’Ancien Régime, il leur est souvent donné des noms de cours d’eau ou de montagnes.
L’ancien territoire des Gaulois cadurques, qui était devenue la Province du Quercy, se transforme donc en département du Lot.
La préfecture Cahors est au centre du département et la rivière Lot le scinde en deux en son milieu. Le nom donné au département est donc dans cette logique.
Son numéro initial est le 44, comme le montre le document de création du département (c’était déjà un numéro postal, attribué par ordre alphabétique).
Le département crée en 1790 est bien plus grand que l’actuel : comme nous l’avons décrit précédemment, le territoire du Quercy descend plus au sud, jusqu’à la ville de Montauban, qui devient donc une sous-préfecture du Lot.
Le redécoupage sous Napoléon
En 1808, l’Empereur Napoléon, sensible aux doléances des notables de Montauban qui revendiquent le statut de préfecture pour leur ville, crée un nouveau département : le Tarn-et-Garonne.
Cela ampute le département du Lot des cantons situés au sud, soit environ un quart de sa superficie.
Dans cette nouvelle configuration, le département est traversé au sud par le Lot et au nord par la Dordogne.
Notre département devrait maintenant plutôt s’appeler le « Lot-et-Dordogne » ! C’est un débat qui refait surface de temps en temps, mais sans aboutissement pour l’instant.
Le portrait du lot aujourd’hui
L’organisation
Le Lot appartient à la région Occitanie.
Sa préfecture est Cahors et ses deux sous-préfectures sont Figeac et Gourdon.
Son numéro postal est le 46.
Un environnement protégé
Le Lot est peu urbanisé : avec 175 000 habitants, c’est le 10ème département le moins peuplé de France.
Il bénéficie ainsi d’un environnement particulièrement préservé : 70% de son territoire sont des espaces naturels.
Il offre par ailleurs d’un ciel nocturne préservé de pollution lumineuse, qui en fait un lieu d’observation astronomique privilégié.
Le tissu économique
Le département du Lot présente un tissu économique diversifié, où les activités traditionnelles côtoient des secteurs plus modernes.
L’agriculture est un secteur clé de l’économie lotoise. Elle est marquée par une grande diversité de productions, avec un accent mis sur des productions de qualité et des méthodes respectueuses de l’environnement.
Le tourisme est en constante croissance, porté par les paysages variés du Lot, ses villages perchés, son patrimoine culturel et ses activités de plein air : autant de bonnes raisons pour des vacances réussies.
Le département compte également un tissu industriel diversifié, notamment dans les secteurs de l’aéronautique (Ratier, Figeac Aéro), de l’agroalimentaire (Andros) et de la construction.
Une géographie plurielle
Le territoire du Lot ne possède pas vraiment une unité géographique : il est formé par la réunion de plusieurs régions naturelles calquées sur les ensembles géologiques du Quercy.
Ainsi dans le Lot, on distingue cinq grandes entités. Si leurs limites sont parfois floues, leurs noms sont calqués sur celui des « régions naturelles » ou « pays » qui renvoient à une dimension à la fois naturelle et historique :
- le Ségala
- le Limargue
- les Causses du Quercy
- la Bouriane
- le Quercy Blanc
Traversant plusieurs entités, les grandes vallées de la Dordogne, du Célé et du Lot prennent des colorations particulières à leur contact.
Le Ségala lotois
Dans le nord-est du département, le Ségala lotois s’inscrit dans les derniers contreforts du massif central.
C’est un territoire de collines douces et de plateaux granitiques.
Les sols acides du Ségala ont favorisé le développement de prairies naturelles, idéales pour le pâturage. L’élevage bovin y est une activité traditionnelle, ainsi que les cultures céréalières.
Son climat est plus continental que le reste du département, ce qui le rapproche plus de l’Auvergne que du Quercy.
Le Limargue
Le Limargue se distingue par ses vallons bocagers, où alternent prairies, haies et bosquets. Les murets en pierres sèches délimitent les parcelles et soulignent le caractère rural de la région.
Contrairement au Ségala aux sols acides, le Limargue bénéficie de sols plus riches, issus de dépôts sédimentaires. Cette particularité a favorisé une agriculture variée et une production agricole abondante.
Le Limargue a toujours été une région agricole, où l’élevage bovin et surtout ovin a une longue tradition.
Les cultures céréalières et la production de fruits et légumes ont également contribué à l’économie locale.
Les Causses du Quercy
Les Causses du Quercy sont un plateau calcaire s’étendant sur de vastes étendues, offrant un paysage unique et saisissant.
Le calcaire, roche soluble, a donné naissance à un paysage karstique, caractérisé par des formations rocheuses particulières comme les lapiaz (fissures dans la roche), les dolines (dépressions circulaires), les avens (gouffres) et les grottes, les canyons et les vallées aux falaise escarpées…
La végétation est essentiellement constituée de pelouses sèches, de garrigues et de quelques forêts de chênes pubescents.
La pierre y est omniprésente et le bâti en pierre sèche (murets, caselles…) est emblématique des paysages des Causses.
La Bouriane
La Bouriane est caractérisée par un paysage de bocage, avec des vallons verdoyants, des haies bocagères et des bois de feuillus.
Ses sols sont variés, alternant les sols acides et les sols calcaires. Cette diversité a favorisé une végétation riche et diversifiée.
Les châtaigniers sont particulièrement abondants, donnant à la région son surnom de « pays de la châtaigne ».
Ici , à part la vieille ville de Gourdon perchée sur son chaos de grès, pas de site exceptionnel, mais c’est la variété des paysages, leur caractère intimiste et leur coloration chaude qui font l’attrait de ce territoire.
Le Quercy Blanc
Selon les frontières originales du Quercy, le Quercy Blanc occupe la partie sud-ouest du département du Lot et se prolonge au sud sur le département du Tarn-et-Garonne.
Il est caractérisé par un relief doux, avec des plateaux calcaires entrecoupés de vallées profondes.
Ces vallées, souvent encaissées, offrent des paysages pittoresques et verdoyants.
Les sols sont principalement calcaires et des marnes, sans les oxydes de fer qui sont les colorants habituels des argiles.
Cela donne aux sols et aux constructions anciennes de la région une couleur blanchâtre, d’où son nom.
Un patrimoine exceptionnel
Le département collectionne les pépites patrimoniales, dû à la fois à son passé géologique et à son passé historique.
Le territoire raconte 200 millions d’années d’histoire de la Terre, qui ont laissé place à des paysages karstiques impressionnants, tant en surface (vallées, canyons, falaises…) qu’en profondeur (gouffres, grottes…).
L’histoire plus récente des Hommes a laissé des trésors : art pariétal et préhistorique, châteaux médiévaux, villages remarquables, patrimoine religieux… autant de lieux uniques qui sont à découvrir.
Le Lot présente aussi un bâti rural traditionnel d’une très grande richesse : constructions en pierre sèche, pigeonniers, granges, moulins… témoignage d’un savoir-faire et de techniques ancestrales.
Le parc naturel régional des causses du quercy
La création du Parc Naturel Régional des Causses du Quercy a été le fruit d’une forte volonté locale : les élus locaux, conscients des richesses de leur territoire et des menaces pesant sur elles, ont initié le projet de parc dans les années 1990.
Le projet a nécessité la mise en place d’une large concertation avec les communes, les associations, les agriculteurs, les habitants et les acteurs économiques du territoire.
Le classement en Parc Naturel Régional a été obtenu en 1999.
Ce classement reconnaît la qualité exceptionnelle du patrimoine naturel, culturel et paysager du territoire, ainsi que l’engagement des acteurs locaux en faveur de sa préservation.
Ce parc s’étend sur plus de 185 000 hectares et englobe 95 communes, il englobe les vastes plateaux calcaires du Quercy, les « causses ». Ces formations géologiques, vieilles de plus de 200 millions d’années, ont été façonnées par l’érosion pour créer un paysage spectaculaire de vallées profondes, de grottes et de falaises.
Les Causses du Quercy sont aussi classés en tant que Géoparc mondial de l’UNESCO, en reconnaissance de leur géologie exceptionnelle, d’importance internationale.
Les liens historiques et culturels qui unissent le Quercy et le Lot sont indélébiles, à tel point que l’ont confond souvent les deux.
Ils sont aujourd’hui une destination touristique de choix, appréciée pour son authenticité et sa qualité de vie.
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